La déclaration du 10 juillet 2025 entre la France et le Royaume-Uni en matière de défense constitue un signal fort et une avancée concrète pour la sécurité du continent européen. Il confirme deux propositions majeures portées dans la résolution parlementaire que j’ai déposée avec ma collègue Charlotte Deborsu en mars dernier :

 

Ces deux engagements confirment une réalité : l’Europe commence enfin à se doter des outils de sa souveraineté stratégique. Et ce n’est pas un hasard. C’est le fruit d’une prise de conscience politique, d’une urgence géopolitique… et du travail législatif que nous avons mené pour porter une vision ambitieuse de l’autonomie stratégique.

Un doux paradoxe, révélateur d’un réalignement stratégique

Il y a dans cette initiative un doux paradoxe : c’est un pays sorti de l’Union européenne – le Royaume-Uni – qui ravive aujourd’hui l’idée d’une défense européenne plus forte et plus intégrée. Certains y verront une contradiction, nous y voyons au contraire la confirmation d’un besoin fondamental partagé : celui de garantir la sécurité du continent au-delà des appartenances institutionnelles.

Cet engagement bilatéral entre Paris et Londres reflète une prise de conscience stratégique : l’OTAN reste le socle de notre sécurité collective, mais les États-Unis ne seront pas éternellement le parapluie du monde. L’Europe doit donc se préparer à tenir son rang, à assumer davantage de responsabilités, et à construire les outils de sa propre dissuasion et de sa propre protection. Ce n’est pas une rupture avec l’OTAN, c’est une répartition plus équilibrée des charges et des responsabilités.

La Belgique doit être au rendez-vous de l’histoire

La dynamique franco-britannique ouvre une fenêtre d’opportunité stratégique pour les pays qui souhaitent bâtir une Europe de la défense plus forte, plus intégrée, plus responsable. La Belgique ne peut pas rester spectatrice. Elle doit répondre à la volonté exprimée par Paris et Londres de réunir rapidement les États prêts à avancer ensemble.

Notre pays a les moyens, les compétences et la légitimité diplomatique pour être parmi les premiers à s’engager. Rejoindre cette initiative dès sa fondation, c’est peser dans sa structuration, influer sur sa doctrine, et assumer un rôle moteur dans la construction du pilier européen de l’OTAN.

C’est aussi rester fidèle à notre ambition : défendre nos valeurs, tout en renforçant la solidarité et la sécurité collective.

Une Europe capable de se défendre, pour une paix durable

Dans un monde où les menaces sont hybrides, technologiques, parfois directes, nous ne pouvons plus déléguer notre sécurité à d’autres. Ce n’est pas un repli nationaliste. C’est, au contraire, la condition de notre capacité à agir ensemble pour protéger nos valeurs démocratiques, notre modèle de société, nos infrastructures, notre paix.

L’accord franco-britannique montre que cette vision est réaliste. Il jette les bases d’une force d’intervention robuste, au sein de laquelle la France et le Royaume-Uni s’engagent sans attendre des consensus laborieux. Cette approche volontaire, concrète et ouverte est exactement celle que nous appelons de nos vœux dans notre résolution parlementaire au niveau européen.

 

La résolution Michel / Deborsu: une feuille de route européenne

Avec, ma collègue Charlotte Deborsu, nous avons déposé une proposition de résolution en mars 2025 qui propose un cap clair pour une défense européenne crédible et intégrée. Elle repose sur trois piliers :

1. Une vision stratégique commune

  • Mise à jour de la Boussole stratégique,

  • Création d’un Conseil européen de la défense,

  • Participation active à l’initiative française sur la dissuasion nucléaire menant à terme à un parapluie nucléaire européen

  • Déploiement rapide d’une force initiale de 5 000 hommes.

2. Un outil militaire et industriel solide

  • Accroissement des capacités européennes de production de munitions,

  • Soutien au plan ReArm Europe,

  • Création d’un European Defence Production Act,

  • Objectif de 40 % d’achats d’équipements de défense en commun d’ici 2030.

3. Une souveraineté technologique et opérationnelle

  • Développement de capacités spatiales autonomes,

  • Coopération étroite avec les partenaires européens et démocratiques,

  • Protection de nos chaînes industrielles stratégiques,

  • Renforcement des moyens de cyberdéfense européens.

Cet accord, c’est la preuve que notre vision est possible

Ce que nous proposions hier dans un texte parlementaire devient aujourd’hui une réalité diplomatique. Il reste du chemin, mais nous avons désormais un socle de crédibilité, une alliance forte, et l’opportunité d’élargir ce projet à l’échelle européenne.

Il ne s’agit pas d’opposer sécurité et solidarité. Il s’agit de garantir les deux.

Annexe – La résolution Michel – Deborsu

➡️ Télécharger la résolution complète (PDF)

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