Alors que le sommet de l’OTAN à La Haye vient de s’achever, un accord historique a été conclu entre les États membres : atteindre 5 % du PIB consacré à la sécurité collective d’ici 2035, dont 3,5 % pour la défense militaire et 1,5 % pour la sécurité au sens large.

Cette décision marque un tournant stratégique majeur. Elle élargit enfin notre compréhension des menaces et reconnaît que la défense de notre société ne passe plus uniquement par des chars, des avions ou des effectifs militaires. La sécurité du XXIe siècle est aussi énergétique, cyber, infrastructurelle, informationnelle.

Deux visions stratégiques à développer en parallèle

À travers une question parlementaire adressée au Ministre de la Défense, j’ai salué cette évolution, tout en appelant à un changement profond dans notre approche politique. Il est urgent de développer, à côté de notre vision stratégique de défense, une véritable vision stratégique de la sécurité intérieure.

  • Défense = réponse militaire face aux menaces extérieures.

  • Sécurité = protection du territoire, des citoyens et des infrastructures face aux menaces hybrides, terroristes, cyber, énergétiques ou sociales.

C’est une distinction essentielle. Trop souvent, la notion de sécurité reste diluée, sans pilotage clair, sans articulation cohérente entre les différents niveaux de pouvoir.

Une mission pour le Ministre de la Sécurité

Dans ce contexte, je propose de confier formellement au Ministre de la Sécurité et de l’Intérieur, Bernard Quintin, la responsabilité de bâtir cette vision stratégique de sécurité.

Il ne s’agit pas d’ajouter des structures ou des discours, mais de mettre en place une véritable doctrine de protection du pays :

  • Protection des infrastructures critiques (ports, aéroports, data centers, réseaux énergétiques)

  • Renforcement de la cybersécurité nationale

  • Résilience face aux catastrophes, sabotages ou manipulations de l’information

  • Préparation de la sécurité civile face aux crises hybrides

  • Sécurisation des chaînes d’approvisionnement stratégiques

Adapter l’État aux menaces de demain

Les formes de menaces évoluent rapidement. Les guerres ne se déclarent plus uniquement sur des lignes de front, mais à travers des cyberattaques, des ingérences informationnelles, des chantages énergétiques, ou des actions coordonnées contre nos systèmes vitaux.

C’est pourquoi il est impératif de réorganiser notre modèle de sécurité intérieure avec la même rigueur que nous adaptons notre défense militaire.

Conclusion

L’OTAN nous engage vers 5 % du PIB pour assurer notre sécurité collective.

La Belgique doit répondre à cette ambition avec lucidité, responsabilité et cohérence. Cela passe par une défense modernisée… mais aussi par une sécurité intérieure renforcée, pensée de manière stratégique.

Je plaide pour que le Ministre Bernard Quintin assume cette mission essentielle, avec un mandat clair et structurant.

Car protéger notre mode de vie, c’est refuser de subir le monde tel qu’il vient. C’est s’organiser pour l’anticiper.

 

La question au Ministre ci après:

Monsieur le Ministre,

Sur le positionnement budgétaire de la Belgique

 

  • Malgré une situation budgétaire qui rend les réformes indispensables, la Belgique a réaffirmé que l’OTAN constitue un socle fondamental pour la sécurité de notre pays.
  • Nous devons être un partenaire loyal, fiable et pleinement engagé au sein de l’Alliance.
  • Dire « non à l’OTAN », ce serait faire preuve d’un oubli historique inquiétant mais plus que tout, ce serait faire preuve d’une naïveté coupable
  • Car aujourd’hui, il ne s’agit pas d’opposer sécurité et solidarité.
  • La preuve par les chiffres
  • 120 milliards d’euros pour notre sécurité
  • 200 milliards d’euros à la solidarité : soins de santé, pensions, aide sociale.
  • Oui, n’en déplaise à certains, ce gouvernement renforce notre modèle social :
    • en lui donnant les moyens de fonctionner

mais aussi et surtout …

  • en lui donnant les moyens de survivre !

Nous faisons aujourd’hui ce que tout pays responsable doit faire : protéger ses citoyens, sans renoncer à ses valeurs fondamentales, sans renoncer à son modèle social.

Sur la reconnaissance des dépenses de sécurité intérieure et stratégique (1,5 %)

Je salue la décision historique d’intégrer jusqu’à 1,5 % du PIB en dépenses de sécurité élargie : cybersécurité, infrastructures critiques, résilience, etc.

Mais cette évolution appelle une gouvernance renforcée -delà du seul ministère de la Défense et qui intègre aussi les entités fédérés.

Un comité stratégique du renseignement et de la sécurité a été mis en place sous la direction du Premier Ministre

Selon nous, le Ministre de la Sécurité devrait être chargé de développer et soumettre une vision stratégique de la sécurité intérieure en lien avec le 1,5% de sécurité transversale,

  1. Comment voyez-vous concrètement l’évolution de cette coordination intergouvernementale ? Un partage des responsabilités est-il déjà en discussion pour l’élaboration de cette nouvelle architecture sécuritaire transversale ?

Sur la coordination européenne

Il faudra davantage de complémentarité, d’interopérabilité et de mutualisation des investissements entre pays membres de l’Union.

  1. Ne pensez-vous pas qu’il est grand temps de mettre en place un Conseil permanent des ministres de la Défense européens, doté d’un mandat clair pour :
    • renforcer le pilier européen de la défense au sein de l’OTAN,
    • et structurer l’industrie européenne de défense de manière cohérente et stratégique ?

Je vous remercie.

 

 

 

Réplique :

Monsieur le Ministre, chers collègues,

Nous ne sommes plus dans une ère d’insouciance. Nous sommes entrés dans un temps de bascule, où la sécurité n’est plus une donnée implicite de nos sociétés… elle est redevenue un combat.

La sécurité a toujours été la première des libertés. C’est elle qui conditionne tout le reste : la démocratie, l’économie, la solidarité, l’éducation, la culture. Sans sécurité, rien ne tient. Et nous le redécouvrons avec brutalité, après des années où nous avons cru que notre mode de vie était définitivement protégé, presque éternel.

Aujourd’hui, nous devons nous battre pour préserver ce que nous avons cru acquis.

Et cette bataille exige une réorganisation complète de notre modèle. Pas seulement notre modèle budgétaire. Mais aussi notre manière de penser l’État, la solidarité, l’innovation, la résilience.

Ce que nous sommes en train de défendre aujourd’hui, ce n’est pas un territoire, ce n’est pas un pourcentage, ce n’est pas une doctrine.

C’est notre façon de vivre, notre humanité, nos libertés, et ce fragile équilibre que des générations ont bâti avant nous.

Alors oui, c’est un moment historique. Et il nous appartient à tous, majorité, comme opposition, d’en prendre la mesure.

Merci.

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