Fusion des communes : quand la réalité budgétaire rend le rapprochement inévitable
Dans l’Est du Brabant wallon, un constat s’impose désormais avec la force tranquille des évidences longtemps tues : la fragmentation communale n’est plus tenable. Face à des finances publiques sous pression et à une multiplication de structures parallèles, l’idée d’une fusion de communes, jadis taboue, s’avance comme une perspective non plus théorique, mais pragmatique.
Un territoire éclaté, des services dupliqués
L’Est du Brabant wallon, territoire du Gal Culturalité, couvre sept petites communes rurales totalisant environ 40 000 habitants. Une mosaïque de villages étendus sur une superficie plus vaste qu’une grande ville, mais fonctionnant chacun comme une entité administrative complète.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
chaque commune dispose de son propre service des travaux,
de son collège,
de son conseil communal,
de ses infrastructures sportives ou culturelles,
de ses équipes et de ses procédures.
Autant de structures qui témoignent certes d’une volonté locale d’excellence, mais qui, mises bout à bout, créent un système lourd, redondant et coûteux. Dans un contexte où les dépenses publiques augmentent, où les normes imposées par les niveaux supérieurs se complexifient et où les marges budgétaires s’étiolent, ces communes sont contraintes à l’augmentation de leurs fiscalités tout en ayant des difficultés à maintenir leurs services.
Une mutualisation devenue inévitable
La stabilité future des communes rurales passera par une réorganisation profonde. Non par idéologie, mais par nécessité.
La mutualisation est devenue la seule voie réaliste. Pas pour brader les services, mais pour les renforcer. Mutualiser, c’est :
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réduire les doublons,
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créer des économies d’échelle,
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professionnaliser certains métiers,
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garantir une capacité d’action plus cohérente et plus ambitieuse.
Loin d’un nivellement par le bas, il s’agirait plutôt d’une montée en qualité, rendue possible par une gestion partagée des ressources.
Les GAL comme “laboratoires institutionnels”
C’est ici que le Gal Culturalité pourrait jouer un rôle : les Groupes d’action locale pourraient devenir bien plus que des animateurs de projets ruraux.
Ils pourraient préparer, de manière progressive et non conflictuelle, la transformation institutionnelle qui s’annonce : la fusion de communes.
Cette fusion n’a rien d’un grand soir administratif. Elle ne doit être ni précipitée, ni imposée. Elle doit être :
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réfléchie,
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enracinée dans les réalités locales,
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respectueuse des identités rurales,
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guidée par une logique d’efficacité.
Les GAL seraient alors les lieux neutres, transversaux et opérationnels où s’expérimentent des collaborations de plus en plus structurantes, jusqu’à ce que la fusion devienne non seulement possible, mais naturelle.
Une inévitabilité budgétaire
Si j’évoque l’idée aujourd’hui, c’est parce que la situation financière ne laisse guère de marges. Le maintien de sept communes distinctes, avec sept organisations complètes, devient difficile à justifier dans un monde où les charges augmentent et où les investissements doivent gagner en cohérence.
La fusion, longtemps considérée comme une perte d’identité, apparaît désormais comme un moyen :
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de préserver la qualité des services,
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de renforcer la capacité d’action locale,
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de garantir une soutenabilité budgétaire à long terme,
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et de défendre la ruralité en lui donnant les moyens d’exister face aux défis futurs.
Vers un avenir plus cohérent
Les fusions de Communes ne sont ni une provocation ni une révolution : c’est une adaptation. Une manière de reconnaître que l’attachement aux communes ne s’oppose pas à leur coopération, ni même à leur union, lorsque celle-ci sert mieux les citoyens.
L’avenir de l’Est du Brabant wallon pourrait ainsi s’écrire sous le signe d’une convergence lucide : préparer les communes à affronter ensemble ce qu’elles ne peuvent plus affronter séparément.
La fusion est encore loin d’être actée, mais elle devient, de plus en plus, l’issue la plus cohérente face à un modèle budgétaire arrivé à bout de souffle.



