Pourquoi j’utilise l’intelligence artificielle
Depuis que j’ai quitté mes responsabilités gouvernementales, j’ai dû repenser ma manière de travailler. Mon équipe s’est réduite, mais mon enthousiasme à développer des projets est resté intact.
C’est dans ce contexte que j’ai décidé d’intégrer l’intelligence artificielle à mon quotidien. Non pas par effet de mode, mais par curiosité d’abord, par souci d’efficacité, ensuite.
Un simple exemple l’illustre : rédiger un courriel me prenait près d’un quart d’heure. Aujourd’hui, deux minutes suffisent. La raison est simple : nous savons en quelques secondes ce que nous voulons dire, mais la mise en forme nous ralentit. L’IA m’aide précisément à me libérer en grande partie de cette étape orthographique et grammaticale pour me concentrer sur l’essentiel, mon message.
Au lieu de disperser mon attention dans des tâches à faible valeur ajoutée, je peux désormais consacrer plus de temps au fond, à la stratégie, à la vision. Loin d’appauvrir ma pensée, cette technologie me permet au contraire de la rendre plus cohérente, plus structurée.
Je sais que l’IA suscite des inquiétudes. Certains y voient une dénaturation de la pensée, d’autres une forme de tricherie. Je pense que c’est une caricature.
L’intelligence artificielle n’est ni un substitut à l’esprit humain, ni un raccourci malhonnête. C’est un outil, au même titre qu’un livre, un tableur ou une calculatrice. Tout dépend de la manière dont on l’utilise.
Mais il serait irresponsable de nier l’ampleur du changement à l’œuvre. L’IA modifie notre organisation du travail, notre rapport à la productivité, nos équilibres sociaux. Ceux qui s’en emparent voient leurs capacités démultipliées ; ceux qui restent en retrait risquent de se sentir dépassés.
Une nouvelle fracture pourrait émerger, plus profonde encore que celles que nous avons connues : une fracture non seulement sociale, mais aussi civilisationnelle.
Face à cette transformation, nous avons un devoir de lucidité et de responsabilité. La question n’est pas de savoir si l’IA s’imposera, mais comment nous allons l’encadrer.
C’est pourquoi je plaide pour la création d’une agence internationale de l’algorithme. Une institution indépendante capable d’analyser, d’auditer et de comprendre les systèmes algorithmiques, mais aussi d’anticiper leurs impacts économiques, sociaux et culturels.
Dans l’histoire, aucune innovation majeure n’a été acceptée durablement sans un minimum de confiance. Et cette confiance ne se décrète pas : elle se construit, par la transparence, le contrôle, la compréhension des risques et des opportunités.
L’intelligence artificielle ouvre un nouveau chapitre de notre destin collectif. Il nous appartient de faire en sorte que cette révolution soit une chance pour tous, et non un facteur de division supplémentaire. L’enjeu n’est pas technologique : il est démocratique.



