Vers une transformation profonde de nos modèles de formation

Lors du Colloque sur l’IA organisé par le centre Jean Gol, j’ai abordé cette réflexion sur l’évolution des métiers.
Nous vivons aujourd’hui une accélération sans précédent des mutations du monde professionnel. Les métiers évoluent, disparaissent, se transforment ; de nouvelles compétences émergent au rythme même de l’innovation technologique. Dans ce contexte, il devient évident qu’on ne peut plus se reposer uniquement sur des formations longues, conçues pour un monde où les cycles de transformation étaient beaucoup plus lents.

Pourquoi le modèle traditionnel ne suffit plus

Pendant des décennies, la formation initiale constituait un socle sur lequel chacun pouvait bâtir toute une carrière. Ce modèle a fonctionné tant que les métiers restaient stables et que les technologies progressaient à un rythme raisonnable. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : certaines technologies changent tous les six mois et de nouveaux métiers apparaissent chaque année.

Face à cette dynamique, les entreprises peinent à suivre, les travailleurs doivent constamment s’adapter, et le marché du travail réclame une agilité qu’un diplôme obtenu il y a dix ans ne peut plus garantir.

C’est pour répondre à cette réalité que j’ai plaidé pour une transformation profonde de nos modèles de formation.

Le basculement vers des micro-certifications

Nous devons évoluer vers un système plus flexible, plus agile, et surtout mieux connecté aux besoins réels du marché du travail. Les micro-certifications représentent, à mes yeux, l’une des réponses les plus pertinentes à ces défis.

1. Un format plus flexible

Les micro-certifications permettent d’acquérir des compétences ciblées en quelques jours ou quelques semaines, sans interrompre son activité professionnelle. Elles sont adaptées à des trajectoires professionnelles désormais plus fragmentées et évolutives.

2. Une réponse aux métiers émergents

Qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, de cybersécurité, de gestion des données ou de transition énergétique, les métiers émergents évoluent plus vite que les programmes académiques traditionnels. Les micro-certifications, elles, peuvent être mises à jour régulièrement et développées en fonction des besoins réels du terrain.

3. Un outil pour maintenir les compétences à jour

Dans un monde où l’apprentissage doit être continu, les micro-certifications permettent à chacun de documenter ses compétences, de les renforcer et de rester employable tout au long de sa vie professionnelle.

Un enjeu porté jusqu’au niveau européen

Pendant la présidence belge de l’Union européenne, j’ai fait de cette question un véritable point de négociation.

Ma conviction est claire : à côté de la reconnaissance des diplômes traditionnels, il est essentiel de valider des standards de micro-certification au niveau européen.

Pourquoi ? Parce que nos économies sont intégrées, nos marchés du travail sont interconnectés et nos systèmes éducatifs doivent, eux aussi, converger vers des référentiels communs.

Sans reconnaissance européenne, les micro-certifications resteront fragmentées, difficilement lisibles et donc moins utiles pour les travailleurs comme pour les employeurs.

L’exemple de plateformes comme Pix : une piste d’avenir

Dans cette dynamique, des plateformes telles que pix.fr peuvent jouer un rôle essentiel.

Pix est, entre autres, une plateforme qui permet d’évaluer en ligne ses compétences numériques. Ce type d’outil préfigure ce que pourrait devenir un système européen de micro-certifications :

  • des évaluations standardisées,

  • accessibles à tous,

  • disponibles en ligne,

  • et reconnues au-delà des frontières nationales.

On peut parfaitement imaginer que certaines micro-certifications soient validées en ligne via ces outils, et reconnues officiellement à l’échelle européenne.

Cette agilité présente deux avantages majeurs :

  1. Permettre à chacun de démontrer rapidement ses compétences à un employeur ou à un partenaire économique.

  2. Valoriser des compétences dormantes, notamment chez des personnes éloignées du marché du travail, qui disposent pourtant d’un savoir-faire réel mais non formalisé.

Grâce à ces plateformes, un individu pourrait prouver en quelques heures – et non en quelques années – qu’il maîtrise une compétence clé, ce qui ouvre la porte à un retour rapide vers l’emploi.

Un modèle déjà adopté ailleurs

Plusieurs pays ont déjà intégré ces approches dans leurs politiques de formation. Les expériences internationales montrent que ce modèle encourage :

  • l’agilité, grâce à des cycles d’apprentissage courts ;

  • l’accessibilité, parce qu’il réduit les coûts et le temps nécessaire pour se former ;

  • l’adéquation avec le marché, puisque les contenus sont créés avec les secteurs professionnels eux-mêmes.

Conclusion : une opportunité décisive pour l’Europe et pour chacun

La formation est un levier stratégique pour la compétitivité de nos économies.

Si nous voulons rester une région d’innovation, capable d’attirer des talents et de protéger notre modèle social, nous devons reconnaître, structurer et encourager les micro-certifications.

Elles ne remplacent pas les diplômes traditionnels, mais elles complètent notre système, le rendent plus agile, plus inclusif et plus efficace.

Elles donnent à chacun la possibilité d’apprendre tout au long de sa vie.

Elles donnent aux entreprises les compétences dont elles ont besoin.

Et elles donnent à l’Europe une chance de rester maîtresse de son destin dans un monde en pleine transformation.

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