Il y a quelques semaines, j’avais rédigé un article où je pointais le scénario classique de l’échec européen : une start-up brillante, née sur notre continent, qui finit absorbée par un géant étranger — en l’occurrence, les rumeurs parlaient d’un rachat de Mistral AI par Apple.

C’était le récit habituel : l’Europe innove, mais d’autres récoltent les fruits.

Aujourd’hui, la réalité est bien différente. Et pour une fois, elle est porteuse d’espoir.

Qui sont Mistral et ASML ?

  • Mistral AI, start-up française, a très vite rejoint le cercle fermé des acteurs mondiaux de l’intelligence artificielle générative. Son modèle repose sur la puissance technologique alliée à une approche ouverte, qui séduit à la fois chercheurs et entreprises.

  • ASML, entreprise néerlandaise, est l’acteur incontournable de la fabrication de semi-conducteurs. Ses machines de lithographie extrême ultraviolet (EUV) sont au cœur de chaque processeur moderne. Sans ASML, pas de smartphones, pas de serveurs, pas d’IA.

Un partenariat stratégique gagnant

ASML a décidé d’investir massivement dans Mistral, devenant son premier actionnaire. Ce n’est pas une absorption, ce n’est pas une perte de souveraineté : c’est un partenariat stratégique.

  • Pour ASML, l’apport de l’intelligence artificielle de Mistral est une opportunité pour optimiser ses propres processus industriels, renforcer ses innovations et rester en tête dans une compétition mondiale féroce.

  • Pour Mistral, l’appui d’un acteur industriel européen majeur signifie stabilité, crédibilité et capacité d’accélérer son développement sans céder son indépendance.

C’est la rencontre entre l’excellence logicielle et la maîtrise matérielle, deux piliers technologiques enfin réunis sous un même drapeau : celui de l’Europe.

Une dynamique européenne qui inspire

Ce rapprochement est bien plus qu’une opération financière. C’est une lueur d’espoir pour l’ambition européenne.

Il nous dit trois choses essentielles :

  • L’Europe a du talent.
  • L’Europe a des champions.
  • L’Europe peut jouer dans la cour des grands, à condition d’y croire elle-même.

Et l’exemple ne s’arrête pas à Mistral et ASML. En Belgique, on peut se féliciter de l’excellente collaboration entre imec et ASML.

Cette coopération illustre une dynamique vertueuse : l’émergence d’un écosystème européen qui fonctionne en complémentarité et non en concurrence, où chaque acteur renforce l’autre au lieu de chercher à l’affaiblir. Voilà le chemin à suivre.

L’Europe doit apprendre à se respecter

Mais cette réussite ne doit pas masquer nos faiblesses. Trop souvent, l’Europe s’est laissée piétiner dans les rapports de force internationaux. On se souvient d’Ursula von der Leyen humiliée par Donald Trump lors des négociations sur les droits de douane. Cette image symbolise une Europe qui doute d’elle-même et qui peine à défendre ses intérêts.

L’Europe que nous voulons, c’est une Europe qui se respecte et qui protège ses talents. Une Europe qui n’accepte plus de subir, mais qui construit. Une Europe qui ose croire en elle.

L’alliance entre Mistral et ASML, comme la collaboration entre imec et ASML, n’est pas qu’une histoire industrielle : c’est la preuve qu’un écosystème européen est en train d’émerger. Et cette fois, il joue pour gagner.

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