Une rumeur circule depuis quelques jours : Apple, le géant américain de la technologie, envisagerait de racheter Mistral, une start-up française spécialisée dans l’intelligence artificielle. Pour beaucoup, cela pourrait paraître comme une belle reconnaissance du talent européen. Mais en réalité, si ce rachat devait se confirmer, ce serait une claque monumentale pour la souveraineté numérique de l’Europe.

Qui est Mistral ?

Mistral AI est une jeune entreprise fondée en France en 2023, par d’anciens ingénieurs de Meta (Facebook) et de Google. Leur mission ? Développer des modèles d’intelligence artificielle performants, ouverts et indépendants des géants américains et chinois. En moins de deux ans, Mistral est devenue l’un des leaders européens dans l’IA, grâce à une technologie puissante, mais aussi à une vision ambitieuse : créer une alternative européenne crédible dans un secteur stratégique.

Qu’est-ce que l’IA Act ?

L’IA Act, c’est la première grande loi européenne encadrant l’intelligence artificielle. Elle vise à protéger les citoyenscontre les dérives possibles de l’IA (discrimination, surveillance, manipulation), tout en permettant aux entreprises européennes de rester compétitives. C’est un équilibre complexe : réguler sans bloquer l’innovation.

Lors des négociations de cette loi, nous avons fait très attention à ne pas pénaliser nos start-ups européennes comme Mistral. À tel point qu’on peut dire, sans exagérer, que certains leaders du secteur ont influencé directement l’écriture finale du texte. Cela prouve une chose : nous avons voulu les aider.

Et maintenant, un rachat par Apple ?

Si Apple venait à racheter Mistral, cela signifierait qu’après avoir soutenu cette entreprise politiquement, juridiquement, et financièrement, l’Europe laisserait filer l’un de ses plus grands espoirs… à l’étranger. Et pas à n’importe qui : à l’un des géants américains contre lesquels nous essayons justement de construire une alternative.

Ce serait un échec stratégique, symbolique, et politique.

Ce n’est pas une start-up comme les autres

Mistral n’est pas une entreprise comme les autres. Elle symbolise tout ce que nous voulons construire en Europe : des technologies puissantes, éthiques, respectueuses des droits fondamentaux, créées chez nous, selon nos valeurs.

Elle a été soutenue, encouragée, protégée. Si malgré tout cela elle est rachetée, alors qu’est-ce que cela dit de notre capacité à garder nos talents, nos idées, nos projets ?

L’Europe est-elle condamnée à suivre ?

Ce possible rachat pose une question dérangeante : faisons-nous tout ça pour rien ? Légiférer, financer, créer un écosystème européen… est-ce inutile si, à la fin, les meilleures entreprises finissent toujours absorbées par des acteurs non européens ?

Il faut refuser cette fatalité. Nous ne pouvons pas nous résoudre à l’idée que le combat est perdu d’avance.

Défendre nos entreprises, c’est défendre notre avenir

Il ne s’agit pas de fermer les frontières, ni de rejeter l’investissement étranger. Il s’agit de réaliser que certaines entreprises sont stratégiques, qu’elles portent notre capacité à exister dans un monde dominé par la technologie.

Laisser Mistral partir, c’est affaiblir notre chance d’exister dans le futur numérique. C’est envoyer un message terrible à tous les innovateurs européens : ici, vous pouvez rêver, mais vous devrez partir pour réussir.

Un sursaut est encore possible

Il est encore temps de réagir. L’Europe doit affirmer clairement qu’elle croit en ses talents, qu’elle veut les garder, les soutenir, les protéger. Cela demande du courage politique, une vision, et la volonté de jouer un rôle de leader, pas de suiveur.

Le monde de demain se construit aujourd’hui. Ne laissons pas passer, une fois de plus, le train de la souveraineté technologique.

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