Alors que les États-Unis viennent d’adopter, ce 17 juillet, le GENIUS Act, premier cadre juridique ambitieux sur les stablecoins, l’Union européenne reste figée dans une prudence paralysante. Une prudence qui, bien qu’animée de bonnes intentions, finit systématiquement par nous faire manquer les grandes révolutions technologiques.

Cette différence d’approche est frappante : quand les Américains officialisent l’usage des stablecoins et envoient un signal fort aux innovateurs du monde entier, l’Europe temporise, débat, régule… et regarde les trains partir.

Un retard systémique devenu culturel

L’histoire se répète. Nous avons manqué :

  • le virage d’Internet,

  • la création des plateformes sociales,

  • le développement du cloud computing,

  • et nous prenons du retard sur l’IA.

À chaque fois, le même réflexe : attendre que la technologie soit parfaitement mûre, totalement conforme, absolument encadrée. Ce réflexe, en soi louable, devient un frein lorsqu’il prive nos innovateurs de l’oxygène dont ils ont besoin : un cadre permissif, confiant, progressif.

Le Web3 est peut-être notre dernière opportunité

Je suis convaincu que l’Europe a encore une carte à jouer. Le Web3, les infrastructures décentralisées, les technologies blockchain peuvent encore être notre terrain de reconquête numérique.

C’est précisément l’ambition du projet EUROPEUM, que j’ai initié avec 11 pays européens : construire une blockchain souveraine européenne, capable d’héberger des applications régaliennes — titres de propriété, permis de conduire, diplômes, voire un crypto-euro régulé. EUROPEUM, c’est l’infrastructure qui manque à l’Europe pour retrouver prise sur sa destinée digitale.

Mais Europeum n’est qu’un exemple parmi des centaines d’autres dans un écosystème Blockchain qui ne demande qu’à s’exprimer.
Rien qu’en Belgique, ce sont près de 500 initiatives Blockchain qui ont été recensées par B4B (Blockchain4Belgium). L’écosystème est là. Il faut juste lui faire confiance. Europeum avait également cet objectif: mettre à l’agenda politique une réelle ambition pour la blockchain, la rendre crédible bien au-delà des idées reçues des dinosaures du système.

L’indifférence politique et médiatique, un symptôme grave

Ce projet a suscité bien peu d’enthousiasme. Ni au niveau politique. Ni au niveau médiatique. Et pourtant, il incarne exactement ce que devrait être une Europe ambitieuse et souveraine : une Europe qui investit, qui structure, qui ose. À l’inverse, les États-Unis viennent de prouver, avec le GENIUS Act, qu’ils choisissent d’encadrer pour accélérer, pas pour freiner.

L’excès de prudence devient une faute stratégique

Oui, la prudence est importante. Mais elle ne peut pas devenir une excuse à l’inaction. Car pendant que l’Europe hésite, les autres construisent le monde de demain. Nous devons collectivement sortir de cette posture de suiveur. Si nous voulons restaurer notre souveraineté digitale, il faut accepter de prendre des risques mesurés, de tester, d’encourager, d’accompagner. Même si la technologie n’est pas encore “parfaite”.

 Osons le leadership

C’est le prix à payer pour reconquérir notre autonomie stratégique. Ce n’est pas en interdisant, en interrogeant sans fin, en bloquant par précaution, que nous redeviendrons compétitifs. C’est en osant, avec exigence, mais sans paralysie. En investissant dans les technologies émergentes avant qu’il ne soit trop tard. En soutenant ceux qui, en Europe, portent des visions structurantes, comme EUROPEUM.

Le GENIUS Act américain n’est pas seulement une loi sur les stablecoins. C’est un signal politique : l’audace reste une valeur d’avenir. À nous d’en tirer les conséquences.

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