Ce jeudi 18 septembre 2025, j’ai interrogé en séance plénière le Premier ministre à propos d’un dossier qui me préoccupe profondément : la décision de GSK d’investir plus de 20 milliards d’euros aux États-Unis dans les cinq prochaines années.
Cette annonce, passée presque inaperçue dans le débat public belge, doit pourtant être considérée comme une véritable alerte rouge pour notre pays.
Une annonce lourde de sens
GSK est un acteur stratégique du secteur pharmaceutique en Belgique. Son ancrage, notamment en Wallonie, est un fleuron de notre tissu économique, tant en matière de recherche, d’innovation que d’emplois qualifiés. Voir une entreprise aussi ancrée chez nous prendre la décision d’orienter une part aussi importante de ses investissements vers les États-Unis pose une question centrale : la Belgique est-elle encore compétitive ?
La réponse à cette question est malheureusement de moins en moins évidente.
Les États-Unis déploient depuis plusieurs années une politique industrielle volontariste, combinant incitants fiscaux, soutien massif à l’innovation, relocalisation stratégique et protection douanière. Pendant ce temps, l’Europe – et la Belgique – appliquent strictement les règles fiscales et réglementaires sans prendre en compte les distorsions croissantes que cela engendre à l’échelle mondiale.
Ce qui est particulièrement inquiétant
Ce qui rend cette annonce de GSK encore plus préoccupante, c’est qu’elle touche un secteur où la Belgique excelle. Le secteur pharmaceutique représente près de 25 % de nos exportations et figure parmi les moteurs les plus puissants de notre croissance.
Si même un secteur aussi stratégique et performant que celui-ci commence à délocaliser ses investissements, c’est que le problème est structurel.
Je l’écrivais déjà dans un précédent article consacré à l’accord commercial UE-USA, en appelant à plus de vigilance et à un rééquilibrage des relations transatlantiques : nous ne pouvons pas continuer à appliquer des règles strictes chez nous si d’autres puissances ne les respectent pas de la même manière.
Aujourd’hui, les faits confirment les craintes que j’avais exprimées à l’époque. Ce qui arrive est encore plus grave que ce que le rapport Draghi redoutait récemment dans son analyse sur la compétitivité européenne : l’érosion de notre attractivité n’est plus un risque, c’est désormais une réalité.
Le symptôme d’un malaise plus profond
L’investissement de GSK n’est ni isolé, ni anodin. Il symbolise une perte de terrain économique face à des puissances plus agiles, plus stratégiques, parfois plus agressives. C’est le symptôme d’un déséquilibre de plus en plus grand dans la compétition économique mondiale.
Et cela interroge notre capacité collective à nous remettre en question.
Sommes-nous prêts à adapter nos politiques fiscales, industrielles, réglementaires pour maintenir l’emploi, l’innovation et la croissance ici, en Belgique ? Allons-nous continuer à subir ou allons-nous reprendre la main ?
Il est temps de prendre ce défi à bras-le-corps
La mise en place d’une commission spéciale dédiée à la compétitivité belge permettrait de s’organiser dans un contexte mouvant.
Une commission qui réunirait des parlementaires, des économistes, des partenaires sociaux, des représentants du tissu industriel et académique, afin d’élaborer une stratégie claire pour préserver notre attractivité dans les secteurs stratégiques.
Il ne s’agit pas de réagir dans l’urgence, mais de bâtir une vision durable, ancrée dans la réalité du monde de 2025, pour que la Belgique reste un territoire d’innovation, d’emploi et de croissance.
Ce débat n’est pas technique. Il est fondamental. Il touche à notre capacité à continuer à construire notre avenir ici, chez nous.
Je continuerai à porter ce combat dans les semaines et mois à venir, avec rigueur et détermination.