Il y a parfois, dans l’action politique, des moments où la fierté d’avoir contribué à initier un projet d’envergure se heurte à l’amertume de constater que notre pays ne fait pas partie de ceux qui le concrétisent. C’est précisément ce que je ressens aujourd’hui en découvrant que la Belgique ne fait pas partie de la phase pilote de test de la vérification de l’âge sur Internet, alors même que cet outil est né… à son initiative.
Ce projet européen a vu le jour à la suite de la Déclaration de Louvain-la-Neuve, signée par les 27 États membres de l’Union européenne. Cette déclaration, impulsée par la Belgique, visait à renforcer la responsabilité numérique, notamment en mettant en place des mécanismes permettant de vérifier l’âge des utilisateurs en ligne, tout en respectant leur vie privée. L’objectif est clair : protéger les plus jeunes des contenus inappropriés, notamment pornographiques, sans créer une société de surveillance généralisée.
Aujourd’hui, cinq pays s’engagent dans la phase de test : la France, l’Italie, l’Espagne, la Grèce et le Danemark. Et la Belgique, initiatrice du projet ? Absente. Silence radio. Comme si, après avoir allumé la flamme, nous avions détourné le regard au moment de la faire briller.
C’est un acte manqué, profondément regrettable.
Dans un monde où les mineurs sont exposés à des contenus parfois choquants dès leur plus jeune âge, la vérification de l’âge est un outil de responsabilisation collective : des plateformes, des États, des parents… et des citoyens. Refuser d’avancer sur ce terrain, c’est prendre le risque de laisser nos enfants seuls face à l’immensité du Web, alors que des solutions respectueuses et efficaces existent.
Je regrette que la Belgique, qui a su démontrer sa capacité à innover en matière de politique numérique, ne soit pas au rendez-vous de sa propre ambition. J’en appelle à une prise de conscience rapide : il est encore temps de rejoindre cette phase de test, de contribuer à l’amélioration du dispositif, et de tenir notre rôle de pays moteur dans la construction d’un Internet plus sûr et plus responsable.
La protection des mineurs n’est pas une option. C’est un devoir.
https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/ip_25_1820